Handicap et mal logement : nos revendications !

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Le 10/02/2025

Les personnes en situation de handicap du fait de troubles du neurodéveloppement (TND)* sont particulièrement vulnérables face au mal-logement. Elles cumulent plusieurs vulnérabilités et font face à des parcours au logement plus que difficiles. L’Unapei appelle à une mobilisation urgente des pouvoirs publics et des acteurs du logement pour faire respecter ce droit fondamental.

Le mal logement, défini par la Fondation pour le logement des défavorisés (ex Abbé Pierre) en 1995, englobe plusieurs réalités : absence de logement personnel, difficulté d’accès, mauvaises conditions d’habitat, problèmes de maintien et blocage de la mobilité résidentielle.

Cette année, la Fondation a diffusé son 30e rapport sur le mal logement en France avec comme thématique centrale la situation des personnes en situation de handicap. L’Unapei, qui a été sollicitée par la Fondation pour ce rapport, alerte sur la situation critique de ces personnes et propose des solutions concrètes pour garantir leur droit fondamental à un logement digne. 

Un cumul de vulnérabilités 

Les personnes avec TND doivent surmonter plusieurs obstacles qui les rendent particulièrement exposées au mal-logement : 

  • Des difficultés liées au handicap lui-même : ces personnes ont souvent des difficultés à comprendre des consignes administratives complexes, à se repérer dans l’espace et le temps, à être autonomes pour l’ensemble des taches du quotidien, à assurer leur sécurité. Sans accompagnement soutenu, elles peuvent être victimes d’abus (par exemple, voir leur logement « squatté » par des tiers) ou vivre dans des conditions insalubres faute de bien savoir gérer l’entretien de leur habitat.   Face à des accidents graves, comme des incendies, elles peuvent être en grande difficulté pour gérer des situations stressantes.

  • Une précarité financière : en raison de leur faible accès à l’emploi, ces personnes dépendent souvent de l’Allocation aux Adultes Handicapés (AAH), seule ou en complément d’une rémunération en ESAT. Cette allocation est rarement reconnue par les bailleurs comme une garantie de solvabilité, ce qui limite l’accès au parc locatif.

  • Un rejet social persistant : de nombreux propriétaires refusent de louer à ces personnes, par peur de problèmes d’entretien ou de comportements « difficiles ». Les mesures de protection juridique, pourtant mises en place pour sécuriser leur parcours de vie, sont souvent perçues négativement par les bailleurs. 

Lire le témoignage d’Elodie, mère d’une enfant porteuse de TSA, qui se bat pour obtenir un logement digne pour sa fille

Des conséquences sur les parcours au logement 

Ces vulnérabilités ont des répercussions importantes sur les choix de logement : 

  • Rester chez les parents faute de solutions : certaines personnes vivent toute leur vie dans le logement parental, sans que ce soit leur choix ou celui de leurs parents. C’est une cohabitation faute de solution adaptée au projet de chacun. Cette situation peut devenir dramatique, notamment lors du vieillissement et du décès des parents, lorsqu’aucune solution de relogement n’a pu être anticipée. 

  • Faire face à la pénurie d’offre d’accompagnements médico-sociaux, d’habitats spécialisés : à titre d’exemple, faute de solutions disponibles en établissements spécialisés, certaines personnes sont contraintes de vivre en EHPAD dès l’âge de 45 ans, ce qui est totalement inapproprié à leurs besoins. 
  • Des logements insalubres ou dans des quartiers sensibles : en raison de leurs faibles revenus, ces personnes sont souvent reléguées dans des logements vétustes ou situés dans des quartiers peu sécurisants ou éloignés des services… totalement incompatibles avec leur vulnérabilité et leur difficulté de mobilité. Leur participation sociale en est grandement altérée.

 

Les revendications de l’Unapei

Pour répondre à cette situation injuste, l’Unapei porte plusieurs demandes essentielles : 

  1. Développer l’offre de logements sociaux accessibles : il est nécessaire de renforcer l’offre de logements sociaux accessibles, c’est à dire dans des zones sûres et à proximité des services et commerces. Etudier la pertinence de créer des quotas réservés aux personnes en situation de handicap.

  2. Développer l’offre de services d’accompagnement et d’aide à domicile : sans accompagnement humain, il n’y a pas de possibilité de vivre en logement indépendant pour ces personnes.  Un soutien par des professionnels est indispensable pour sécuriser leur maintien dans un logement, les aider à gérer le quotidien de vie, les démarches administratives et soutenir leur vie sociale. Cela suppose de créer des services en nombre insuffisant, en capacité d’offrir des temps d’intervention adaptés aux besoins des personnes, et des aides financières permettant aux personnes de faire face aux éventuels coûts de ces interventions.

  3. Lutter contre les discriminations des bailleurs : un programme de sensibilisation des propriétaires doit être déployé afin qu’ils acceptent les locataires en situation de handicap et reconnaissent les dispositifs de protection comme des garanties positives.

  4. Simplifier les démarches administratives : les dossiers pour accéder aux logements sociaux restent souvent inaccessibles aux personnes avec TND. Un accompagnement spécifique et des procédures plus adaptées doivent être mis en place.

  5. Prendre en compte la situation des familles : les parents, qui jouent souvent un rôle clé pour compenser les lacunes du système, doivent être soutenus, notamment en cas de vieillissement. La priorité d’accès aux logements sociaux des familles comprenant une personne en situation de handicap intellectuel n’est pas suffisamment respectée.  

Lutter contre le mal-logement des personnes en situation de handicap, c’est leur permettre de vivre dignement, en sécurité et dans un environnement respectant leurs besoins et aspirations. L’Unapei appelle à une mobilisation urgente des pouvoirs publics et des acteurs du logement pour faire respecter ce droit fondamental. 

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